Histoire et patrimoine

S’étendant sur 1 180 hectares, dont près de 400 de bois, le territoire de Fongueusemare est issu du défrichement, au Moyen Age, d’une partie de la « Fiscanensis Silva » (Forêt de Fécamp), par les moines de l’Abbaye du Valasse qui reçurent, en 1154, cette terre de l’Impératrice Mathilde. L’exploitation, en faire-valoir direct, est confiée à des fermiers jusqu’à la Révolution. De cette période, subsistent les restes de trois vastes granges du 12e siècle, édifiées en silex et pierres calcaires. Il existait également une église ou une chapelle au cœur de cette paroisse dont ne subsiste que le logement du prieur ou du chapelain, soit le presbytère.

Lors de la Révolution, outre le probable saccage de l’église, les terres de Fongueusemare ont été saisies aux moines et vendues comme biens nationaux. Ont alors été implantées des fermes d’importante surface, très supérieure à la taille moyenne des exploitations traditionnelles du Pays de Caux.

Au cours du XIXe siècle et au début du XXe, ces « grandes fermes », qui ont donné son nom au lieudit situé autour des trois fermes où avaient été bâties les granges dites dîmières, employaient de nombreux ouvriers agricoles domiciliés dans de modestes maisons situées à proximité des exploitations ou dans un hameau distant d’environ 1,5 km, le Mont Rôty,  et dont les maisons appartenaient, pour nombre d’entre elles, aux cultivateurs aisés qui y logeaient leur personnel.

A cette époque, la commune de Fongueusemare ne possédait ni école, ni église et la paroisse fut rattachée à celle de Gerville. Les enfants fréquentaient l’école et les défunts étaient inhumés dans le cimetière de ce village voisin, une fusion des deux communes ayant même été envisagée à une époque où le gouvernement de Louis-Philippe encourageait (déjà !) ce genre d’opération, et alors que le Conseil Municipal de Fongueusemare s’était fermement prononcé contre une union avec Sausseuzemare.

Le conseil municipal se réunissait dans ce qui tenait lieu de mairie, à savoir une pièce louée par la municipalité dans la maison (l’ancien presbytère construit en 1749) d’un particulier, agriculteur, qui fut maire de la commune. Or, celui-ci fut battu aux élections de 1912 et il apparut comme évident que la mairie ne pouvait être maintenue chez lui. On décida donc de construire un immeuble qui abriterait une mairie et un logement de garde-champêtre. Après une déclaration d’utilité publique qui permit à la commune d’acquérir le terrain nécessaire, le projet fut modifié pour que la construction abrite une mairie, une école et un logement de fonction pour l’instituteur.

Les travaux commencèrent en 1913 mais, en raison de la Grande Guerre, ne furent achevés qu’en 1920 et la première rentrée scolaire eut alors lieu sous la direction de Madame Louise Genêt, institutrice publique. S’ensuivit alors une période de développement avec la construction de plusieurs maisons à proximité de cette toute nouvelle mairie-école, dont quatre H.B.M. (Habitations à Bon Marché), en 1931, qui furent louées à des familles d’ouvriers majoritairement agricoles.

En 1927, une église, connue sous le nom de chapelle de Fongueusemare, fut construite grâce à une souscription et de remarquables vitraux, récemment restaurés,  évoquant la vie de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dédicataire de l’édifice, furent offerts par les plus riches paroissiens.

Un cimetière fut également créé cette année-là, sur un terrain offert par un agriculteur.

Il abrite aussi le Monument aux Morts de la commune.

Cet essor du village valut à Fongueusemare d’être récompensée par le ministère de l’agriculture et de recevoir en 1933 le titre de « Village Moderne ». Une plaque de laiton, visible en mairie, atteste de cette distinction.

La mairie et le logement de fonction purent être agrandis par la construction, en 1937,  d’une nouvelle école elle-même agrandie en 1953 pour accueillir dans un plus grand espace ses deux classes.

Puis l’école redevint une classe unique en 1965 avant d’être de nouveau transformée et considérablement remaniée en 2010, date à laquelle fut mis en place le Regroupement Pédagogique Intercommunal avec Sausseuzemare-en-Caux.

L’école du village accueille donc aujourd’hui les enfants des deux communes scolarisés en maternelle, quand ceux des niveaux primaires fréquentent les deux classes de l’école de Sausseuzemare-en-Caux.

Le saviez vous

Si la toiture de la mairie recèle sur son faîte une pointe très particulière, c’est que lors de sa construction, au début du 20e siècle, aucun clocher ne marquait le centre du village, puisque l’église paroissiale avait été détruite plus d’un siècle plus tôt et que l’actuelle église n’était pas encore construite.
C’est ce qui explique également que, contrairement à la majorité des églises des villages qui appartiennent aux communes, celle de Fongueusemare est la propriété du diocèse puisqu’elle fut construite après la loi de 1905  dite de séparation des églises et de l’Etat.

Une « usine à balais » comme lieu-dit

 

Au hameau du Mont Rôty, la voie principale porte le nom étonnant de « rue de l’usine à balais » !
Si aucune usine, au sens usuel du terme, n’exista jamais dans ce lieu essentiellement peuplé des familles d’ouvriers agricoles qui constituaient la nombreuse main d’œuvre des « grandes fermes », il se trouve que pendant l’hiver, le travail manquait aux champs et qu’il fallait bien s’occuper pour survivre. Dans chaque maison ouvrière, alors, on fabriquait donc très artisanalement des balais de « brinches » constitués d’un assemblage de branches de coudrier (noisetier) coupées dans la forêt voisine. C’est cette intense activité domestique  qui valut au Mont Rôty d’être considéré comme une véritable « usine à balais » !
Mais à quoi pouvait bien servir cette production ? Les femmes portaient sur leur dos des bottes de ces balais pour aller les vendre à Fécamp où ils étaient embarqués pour nettoyer le pont des chalutiers qui partaient pour de longues campagnes de pêche à la morue à Terre Neuve. Les femmes étaient donc chargées de la partie commerciale de cette activité car il se dit que, lorsque les hommes s’en chargeaient, la « livraison » durait bien plus longtemps et le produit de la vente avait souvent fondu, voire disparu, sur la route du retour !       
 

Procès verbal de la première élection municipale en 1852 

 

La première élection du conseil municipal de Fongueusemare a eu lieu le dimanche 8 aout 1852

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